Ce projet est né d’une gratitude silencieuse.
Gratitude envers ceux qui, par leur simple présence, ont inspiré mes images — parfois une fois, parfois cent fois. Leur visage, leur regard, leur singularité ont nourri ma recherche, soutenu ma quête : celle de la beauté incarnée.
Certains reviennent, régulièrement. Je les appelle, je les retrouve, attiré par cette force qui persiste à me parler. Ils prêtent leurs traits à mes visions, et souvent, les devancent. D’autres n’ont traversé mon objectif qu’un instant, mais cet instant fut suffisant pour déclencher le désir d’image — celui qui ne s’explique pas, mais qui s’impose.
Ce sont des portraits, oui. Mais ce sont surtout des manifestations : de ce que la beauté a d’intemporel, d’évident, parfois d’énigmatique. À travers eux, je ne cherche pas à figer le réel, mais à en extraire l’éclat — à capter, ne serait-ce qu’un instant, ce que Hegel appelait « la manifestation sensible de l’Idée ».
Ils ne posent pas. Ils apparaissent.
Ils ne décorent pas l’image. Ils la justifient.
Car même dans le cadre codifié de la photographie de mode, le modèle n’est jamais un simple support. Il est sujet. Il est moteur. Il est incarnation. C’est à lui que revient l’acte de rendre visible. C’est par lui que l’image devient possible.
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